Si samedi, à l’aube, le ciel faisait grise mine au-dessus des sept clochers de Belvès, les 1 014 coureurs inscrits (1) au départ des 100 et 50 km du Périgord noir affichaient quant à eux un grand sourire.
« Ce sont des conditions idéales pour une épreuve longue distance », entendait-on d’un dossard à l’autre. Effectivement, les quelques averses de pluie et de grêle, puis le déluge à partir de 23 heures semblaient à la grande majorité préférable à de grosses chaleurs, et la faible amplitude thermique de la journée (de 8 degrés au départ à 12 degrés pour les premières arrivées) s’avérait adaptée aux métabolismes de ces athlètes entraînés à l’ultra marathon.
Météo compatissante, logistique au top, prestige de l’accueil des championnats de France et d’Europe : l’organisation avait mis tous les atouts de son côté pour faire de cette 37e édition une grande réussite sportive et conviviale, et asseoir une nouvelle fois sa réputation auprès des spécialistes du genre comme auprès des instances fédérales.
L’Espagne en tête
Sur le bitume, la course allait réserver quelques surprises dans sa seconde partie. Très logiquement, ce sont les coureurs officiels des 19 nations européennes représentées qui jouent les vedettes jusqu’au passage à Sarlat, au panneau des 50. Les Espagnols Asier Cuevas et Miguel Angel Jimenez mènent la danse depuis le départ, soit depuis plus de trois heures. Sur leurs talons, on retrouve leur compatriote José Antonio Requejo ainsi que le Belge Pieter Vermeesch. Pour l’instant, les Bleus restent prudemment en embuscade.
C’est à la Plaine des jeux que l’on voit également passer en 7e position, à l’étonnement général, un coureur inscrit sur le championnat de France avec le dossard n°580. Marathonien à la base, le Toulousain Jérôme Bellanca pointait à la 11e place à Saint-Cyprien (15e km), à la 9e aux 30… Et ronge son frein. Sur le retour, excepté Cuevas qui conserve le commandement, le quarté de tête reste inchangé dans le désordre. Tout va exploser dans les derniers 10 km.
Une arrivée surprise
Motivé par la proximité des athlètes internationaux, Bellanca s’accroche. Il passe 5e au 70e km et fait le hold-up du jour avec une performance exceptionnelle pour sa première participation à des 100 km en s’emparant de la 2e place au scratch et du titre de champion de France, à peine 21 secondes derrière Cuevas, nouveau champion d’Europe, et plus de trois minutes devant le Français Michaël Boch, auteur d’une belle remontée et déclaré vice-champion d’Europe.
Chez les féminines, la Suédoise Kajsa Berg conserve son titre de championne d’Europe en 7 h 38 mn 35 sec après avoir lâché Marija Vrajic (Croatie) au 70e km après une lutte de haut niveau.
Par équipes masculines, l’Espagne prend la 1re place devant la France et la Russie ; par équipes féminines, la Russie se place devant la Suède et l’Italie. Derrière, avec des passages très étalés sur la ligne d’arrivée, les coureurs du peloton puis les retardataires peuvent pour la première ou la énième fois dire « Belvès : j’y étais et je l’ai fait ! »
Tous ont d’ailleurs déjà pris rendez-vous pour la prochaine édition, programmée pour le 26 avril 2014. « Une 38e édition pour le fun, souligne Jean-Pierre Sinico, président des 100 bornes. Il faut qu’on respire un peu et qu’on se refasse une santé après des championnats dans lesquels nous avons laissé beaucoup d’énergie. »
(1) 762 concurrents sur le 100 km, 252 sur le 50 Article TCJ 29 Avril 2013